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Pourquoi est-ce plus économique de faire son épicerie en ligne? | Photo : Radio-Canada / Ariane Pelletier

Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de gens affirment que faire leur épicerie en ligne est plus économique. Mais est-ce qu’on paye vraiment moins cher en magasinant sur son téléphone? Oui, mais c’est à cause d’un phénomène psychologique, plutôt qu’à cause de rabais spécifiques. On vous explique.

Annie Lauzon, qui tient un blogue et anime des comptes sur TikTok et Instagram au sujet des finances personnelles, vante les bienfaits des applications des chaînes de supermarchés. 

Pourquoi?

 Je déteste aller à l’épicerie, tout simplement!  lance-t-elle en riant. C’est ce qui l’a poussée, au départ, à se tourner vers le magasinage en ligne. Mais elle a remarqué un phénomène intéressant : elle économise de l’argent.

Avec l’épicerie en ligne, sa facture  a diminué de 20-30 % , affirme-t-elle dans une série de vidéos publiées sur TikTok. Et ce, même en prenant en compte les frais de livraison. 

Pour Annie, la sérénité qui vient avec le fait d’être confortablement assise dans son salon lui permet de s’assurer d’acheter le meilleur produit pour ses besoins. Elle cite la facilité avec laquelle elle peut comparer les prix au 100 g, alors que ce n’est pas toujours évident dans les allées(Nouvelle fenêtre).

 Le plus gros avantage, c’est vraiment d’avoir le temps de s’asseoir et de comparer les prix, explique-t-elle en entrevue. Je veux du brocoli, je vais taper brocolidans le moteur de recherche. Je vais faire un choix éclairé entre la couronne de brocoli frais ou un sac de brocoli surgelé. 

Livraison

Annie Lauzon souligne que beaucoup de gens choisissent l’option d’aller chercher leur commande faite en ligne directement en magasin, parce qu’on évite ainsi une partie des frais. Elle ajoute que des programmes de fidélité permettent d’économiser de l’argent sur la livraison et signale que ça ne lui coûte qu’un dollar par semaine pour faire livrer son épicerie chez elle, ce qui lui fait économiser du temps, une denrée précieuse.

Ce n’est pas tout. Elle remarque un autre phénomène, aussi de nature psychologique : lorsque les gens arrivent à la caisse et que le total est plus élevé que prévu, Annie avance que la plupart d’entre eux sont trop gênés pour retirer des aliments de la facture, alors que ce n’est pas le cas lorsqu’on est devant un panier virtuel.

«  Une fois de temps en temps, je vais faire l’épicerie en personne et c’est immanquable que je vais dépasser mon budget de 40-50 $. Ça fait plusieurs années que je fais l’épicerie en ligne, et je ne retournerais jamais en arrière »

— Une citation de  Annie Lauzon, blogeuse

Finalement, elle est consciente que les épiceries déploient des efforts considérables pour faire monter le prix du panier moyen.  On va peut-être céder à la tentation alors qu’on n’en a pas vraiment besoin , avance-t-elle. Selon elle, la  tentation  est moins grande lorsqu’on utilise l’application.

 Ce n’est pas axé que sur ça, mais une fois que le client entre dans l’épicerie, le désir du propriétaire, c’est qu’il achète le plus possible , précise Martin Proulx, chargé de cours en marketing à l’Université de Montréal. Ce dernier confirme également qu’il n’y a pas de rabais spécifiques à l’épicerie en ligne.

«  L’arsenal commercial dont disposent les chaînes aujourd’hui pour convaincre la clientèle [de dépenser plus] s’est multiplié : l'aménagement du magasin, la présentation des produits, la mise en valeur des réductions de prix, les récompenses après un certain montant d’achat, les produits vendus à perte afin d’attirer la clientèle...  »

— Une citation de  Martin Proulx, spécialiste en marketing

Faire son épicerie différemment

La demande pour les épiceries en ligne a explosé avec la pandémie de COVID-19.
La demande pour les épiceries en ligne a explosé avec la pandémie de COVID-19. | Photo : Radio-Canada

On doit modifier la manière dont on achète nos aliments lorsqu’on fait son épicerie en ligne, affirme Annie Lauzon. Elle préconise de toujours s’en tenir à sa liste d’épicerie et de baser celle-ci sur les rabais de la semaine.  C’est facile de magasiner directement à partir de la circulaire , explique-t-elle.

Sauf que ce n’est pas tout le monde qui fait son épicerie de cette manière.  On sait que, pré-COVID, les gens avaient l’habitude de faire une grosse épicerie par semaine. Aujourd’hui, on y va de 2 à 4 fois par semaine et on fait de plus petits achats. On va se magasiner le souper , illustre Martin Proulx.

Pour Martin Proulx, l’épicerie en ligne a véritablement décollé pendant la pandémie, même si certaines bannières offrent cette option depuis la fin des années 1990. Mais depuis 2020, les grandes chaînes ont  restructuré leur offre de façon majeure, en construisant entre autres des centres de distribution , dit-il.

D’après les chiffres compilés par CPA Canada, seulement 19 % des Canadiens (Nouvelle fenêtre)avaient fait des achats alimentaires en ligne avant la pandémie. Après avoir augmenté drastiquement en 2020, ce chiffre s’est stabilisé à environ 30 % en 2021 et 2022.  On ne peut pas prétendre que l’achat en magasin a été largement supplanté par l’achat en ligne , juge l’expert en marketing.

Ainsi, l’épicerie en personne semble résister au vent de la numérisation qui souffle sur le commerce de détail.  L’alimentation, c’est sensible, on veut voir, toucher, l’expérience en magasin demeure importante pour une très grande partie des consommateurs. Tout est fait pour valoriser l’étalage, pouvoir prétendre au plus frais, au meilleur. Les investissements là-dedans se poursuivent , explique Martin Proulx.

Pourquoi est-ce plus économique de faire son épicerie en ligne? | Photo : Radio-Canada / Ariane Pelletier