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Comment bien se faire conseiller lorsqu'on veut acheter une bouteille de vin? | Photo : Radio-Canada / Ariane Pelletier

En passant la porte de la SAQ, vous cherchez vos mots pour décrire cette excellente bouteille de vin que vous avez bue il y a deux semaines : vous tentez de décrire l’étiquette, la forme de la bouteille ou encore le goût du vin, et la personne qui vous conseille essaie de vous aider. Avez-vous déjà vécu un moment semblable? Marika Milo, qui travaille à la Société des alcools du Québec depuis 34 ans, a entendu toutes sortes de demandes. Elle explique comment elle tente de trouver le vin parfait pour sa clientèle. Et comment vous pouvez l’aider… à vous aider!

Marika Milo, conseillère à la SAQ Sélection de Saint-Sauveur, a les yeux brillants lorsqu’elle parle de son travail. Elle ne prévoyait pas, à l’origine, de devenir conseillère en vin; c’était plutôt la mode qui l’intéressait. N’empêche, elle voit dans le métier qui est devenu sa carrière des similitudes avec le milieu de la haute couture.

Vendre des bouteilles ou une jupe, c’est pas mal pareil! lance-t-elle. Tout ce que j’ai appris en technique de mode me sert dans mon travail. Le vin, c’est aussi ça, c’est un peu un produit de luxe. Il y a des tendances : les spiritueux québécois, les vins nature, les vins orange…

Il faut croire qu’elle adore son travail, puisqu’elle cumule 34 ans de service à la SAQ, dont 15 ans comme conseillère, un titre assez peu commun qui demande une grande connaissance des produits offerts à la Société des alcools du Québec.

Elle propose quatre astuces à garder en tête lors de votre prochaine visite à la SAQ.

La conseillère Marika Milo se voit parfois comme une détective dont le but est de démystifier les envies de la clientèle.
La conseillère Marika Milo se voit parfois comme une détective dont le but est de démystifier les envies de la clientèle. | Photo : Radio-Canada / Marie-Nathalie Poirier

1. Donner un maximum d’information

Aussitôt qu’elle fait face à un client ou une cliente, elle se met en mode écoute, et c’est la détective qui prend le relais et qui commence à repérer les indices. Je prends toute l’info, j’essaie de raccorder les points, raconte-t-elle. Le bouchon était bleu, il y avait une petite étoile sur l’étiquette, c’était un rouge… Je sais exactement c’est quel vin!

Pour elle, retrouver la petite perle de vin dont une personne se souvient à peine est un jeu, un défi. Même chose lorsque quelqu’un veut une suggestion, mais que les mots lui manquent pour exprimer ses envies.

« Les gens nous arrivent avec des petits bouts de mots, raconte-t-elle. Ils pensent qu’ils n’ont pas d’information. Mais même avec des petites bribes, on devient super bon à décoder. »

— Une citation de  Marika Milo, conseillère à la SAQ

2. Jouer le jeu

Quand la personne cherche surtout à retrouver une bouteille coup de cœur, les questions sont plus pointues. Mais si on est plutôt à la recherche d’une suggestion, il faut procéder par élimination. Blanc ou rouge? Sucré ou sec? À quel prix? Après ça, je vais penser à mes coups de cœur. Qu’est-ce qu’on mange? On le prend en apéro?, demande la conseillère. L’idée est de cibler les envies de la personne.

3. Parler de ses goûts

À cet effet, en tant que client ou cliente, il est bon d’avoir une idée de base de ce qu’on aime. Mais pas besoin d’avoir un diplôme de sommellerie! J’utilise peu de termes de vin, je les associe plutôt avec un terme "normal". Je ne veux pas assommer la personne, juge Marika.

L’envers de la médaille, c’est la clientèle qui a entendu certains termes du vin – comme la fameuse minéralité – et qui les utilise un peu maladroitement. C’est quoi un vin minéral? On entend ça, mais c’est plutôt quelque chose qui se ressent comme de l’acidité, affirme-t-elle. Ainsi, elle est devenue une adroite traductrice. 

4. Ne pas se laisser intimider

[Les clientes et clients font] tous les mêmes erreurs. Pour nous, c’est familier, j’ai tout entendu. Ce n’est pas grave, nous, on la comprend, l’erreur! raconte la conseillère en riant.

« Pour moi, ce n’est pas important d’utiliser les bons termes. Quand une personne me dit qu’elle ne veut pas un vin fruité, je lui demande si elle parle de goût de fruit, ou de goût sucré. Le vin, c’est fait de raisins, vous avez de bonnes chances que ça goûte le fruit! »

— Une citation de  Marika Milo

Beaucoup de gens veulent trouver un accord avec leur plat de la soirée. Mais au lieu de penser au plat en général, Marika recommande de penser à des éléments précis de la recette. Qu’est-ce que vous voulez mettre en valeur? Le citron, la menthe? On va choisir un ou deux ingrédients qu’on veut mettre en valeur dans le vin, explique-t-elle.

L’insécurité vient d’une peur d’avoir un mauvais accord. Mais il y a 300 vins dans ma succursale qui vont avec ce qu’ils vont manger, donc c’est dur de se tromper, signale-t-elle. L’important, c’est de ne pas faire un désaccord. C’est ça qui va faire mal paraître le vin et la nourriture.

Et finalement, il n’y a pas autant de règles qu’on pourrait le croire quand vient le temps de trouver un vin pour son souper.

« On boit ce qu’on veut, il n’y a pas de règles qui nous envoient en prison. »

— Une citation de  Marika Milo

Blanc sur rouge, rien ne bouge, à la poubelle!

En 34 ans, Marika Milo a été témoin de l’évolution de la clientèle de la SAQ. À ses débuts dans le métier, les gens qui connaissaient vraiment le vin étaient une minorité bien nantie. Mais cette clientèle avait peut-être une vision un peu plus stricte des codes du vin.

C’était une élite, ils avaient voyagé, des amis qui leur parlaient de certains vins. Ils voulaient les crus, les grands noms, raconte-t-elle. Je trouve que la nouvelle génération qui s’intéresse au vin est plus ouverte, elle n’a pas de préjugés; elle en a goûté, des bonnes choses.

Cette plus grande ouverture fait le bonheur de cette conseillère hors normes qui s’amuse à sortir des sentiers battus. Ça me donne un deuxième souffle, s’enthousiasme-t-elle.

Comment bien se faire conseiller lorsqu'on veut acheter une bouteille de vin? | Photo : Radio-Canada / Ariane Pelletier