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Les plats en plastique qu'on utilise pour le lunch sont faits de propylène. C'est ce même type de plastique qui a relâché des millions de microparticules dans l'étude américaine. | Photo : iStock / nito100

Des plats en plastique relâchent des millions de minuscules particules de plastique dans notre nourriture, selon une récente étude. Est-ce qu’on doit se débarrasser de tous nos contenants de plastique? On fait le point.

Trois minutes au four à micro-ondes : c’est la durée nécessaire pour que des contenants en plastique relâchent des millions de microplastiques et des milliards de nanoplastiques dans un liquide, selon une nouvelle étude publiée dans le journal Environmental Science & Technology(Nouvelle fenêtre).

Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme quant à la quantité de microplastiques et de nanoplastiques qui passe des contenants réutilisables à nos aliments. Et ce n’est pas seulement le cas lorsqu’on les chauffe au micro-ondes. La réfrigération et le stockage à température ambiante pendant plus de six mois peuvent également libérer des millions, voire des milliards de microplastiques et de nanoplastiques, affirme l’équipe de recherche.

Est-ce que le fait de réutiliser des plats pour emporter ou des sacs de type Ziploc peut présenter des risques pour la santé? Apprenez-en plus dans ce reportage de l’émission L’épicerie.

Un danger incertain

Est-ce que ces particules de plastique sont dangereuses pour notre santé? Les connaissances sont encore très limitées à ce sujet, selon Isabelle Plante, spécialiste en toxicologie environnementale à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Pour la dangerosité des microplastiques et des nanoplastiques, les études ont surtout été faites sur les animaux aquatiques, souligne Mme Plante. Ce qui a été remarqué, c’étaient des problèmes au niveau des cellules de l’intestin, des cellules gastriques.

Il y a une différence entre les molécules plastifiantes, qui sont des produits chimiques ajoutés aux plastiques pour les rendre plus souples ou plus solides, par exemple, et les microplastiques. Les molécules plastifiantes ont été bien étudiées; par contre, peu d’études couvrent pour l’instant les effets à long terme des microplastiques.

Or, les microplastiques sont inquiétants, parce qu’ils peuvent s’accumuler dans l’organisme, selon Daniel Cyr, expert en toxicologie et en biologie cellulaire et moléculaire à l’INRS. Comme elles sont métabolisées lentement par le corps humain, ces minuscules composantes, aussi petites soient-elles, peuvent s’accumuler au fil du temps.

Santé Canada(Nouvelle fenêtre) soutient qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour conclure au danger de ce type de particules : L'exposition à la pollution associée aux microplastiques ne devrait pas être préoccupante pour la santé humaine.

Mais Santé Canada se base sur les études publiées. Donc, si la littérature n'existe pas, les preuves que c’est toxique ne sont pas là, souligne Isabelle Plante.

Des plastiques communs à l’étude

L’équipe de recherche de l’Université du Nebraska, aux États-Unis, a analysé deux contenants de nourriture pour bébé faits de polypropylène ainsi qu’une pochette alimentaire réutilisable faite de polyéthylène.

Les contenants de plastique rigide, ceux faits de polypropylène, ont relâché des microplastiques et des nanoplastiques dans toutes les conditions étudiées. La stabilité du plastique était particulièrement affectée par le chauffage au micro-ondes.

La pochette en polyéthylène, un emballage souple, était une source encore plus grande de particules de plastique dans la nourriture : même à température ambiante, elle relâchait des millions de microplastiques.

Les données de l’étude peuvent être consultées ici(Nouvelle fenêtre).

Qu’est-ce qu’on fait?

Est-ce qu’on jette immédiatement tous nos emballages de plastique réutilisable? Ça dépend, selon les spécialistes.

L’étude de l’Université du Nebraska portait sur la migration de particules de plastique dans du liquide. Anne Maltais, chercheuse à l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire du Collège de Maisonneuve, souligne que le transfert de particules de plastique et de molécules chimiques est grandement réduit lorsqu’on parle d’aliments secs. Ceux-ci seraient donc potentiellement plus sécuritaires à conserver dans des contenants de plastique.

Il faut vérifier à quoi sont destinés les emballages qu’on a à la maison. Des matériaux sont adaptés pour aller au micro-ondes; ceux-là devraient avoir moins de migration [de contaminants], suggère Stéphane Bayen, directeur du Département des sciences alimentaires et de chimie agricole de l’Université McGill.

Son conseil est de suivre ce que nous recommande le fabricant. Mais s’il manque d’information quant à l’usage idéal de certains contenants, il vaut mieux s’abstenir de les utiliser. Le stockage dans un contenant en verre, si on peut, c’est quelque chose qui est intéressant dans ce contexte-là, affirme le chercheur.

Isabelle Plante suggère elle aussi d’utiliser des plats en verre pour y mettre son lunch. Le verre en général, c’est quelque chose d’assez inerte; c’est ce que je recommande aux gens, dit-elle.

« Il faut revoir comment on entrepose notre nourriture à long terme et éviter le plastique dans le micro-ondes. Agir où on peut agir. »

— Une citation de  Isabelle Plante, spécialiste en toxicologie environnementale à l’INRS

L’étude de l’Université du Nebraska est un pas dans la bonne direction, selon les spécialistes, qui jugent que la recherche doit urgemment se pencher sur la toxicité des microplastiques et des nanoplastiques dans nos aliments.

Les plats en plastique qu'on utilise pour le lunch sont faits de propylène. C'est ce même type de plastique qui a relâché des millions de microparticules dans l'étude américaine. | Photo : iStock / nito100