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Procès de Trump : la défense cherche à discréditer Stormy Daniels

Dessin de cour de Stormy Daniels à la barre.

Stormy Daniels lors de son témoignage au procès criminel de Donald Trump à Manhattan, le 7 mai 2024.

Photo : Associated Press / Elizabeth Williams

Une menteuse motivée par l'argent : voilà le portrait de Stormy Daniels qu'ont tracé jeudi les avocats de Donald Trump lors du deuxième et dernier jour de la comparution de l'ex-actrice porno au procès criminel de l'ancien président américain.

Après une première journée de comparution marquée notamment par un contre-interrogatoire très tendu, la défense a continué à attaquer la crédibilité de la témoin, insistant par moments sur le métier qu'elle a exercé dans l'industrie du cinéma pornographique.

Vous avez tout inventé, a lancé Susan Necheles à Stormy Daniels, qui affirme avoir eu une relation sexuelle avec Donald Trump.

Non! a vivement répliqué Mme Daniels, qui s'est montrée combative pendant le contre-interrogatoire.

Stormy Daniels affirme avoir couché avec le célèbre accusé à une seule occasion, en juillet 2006, le soir après leur rencontre lors d'un tournoi de golf, au lac Tahoe, dans le Nevada, ce qu'il dément.

Donald Trump face à la justice

Consulter le dossier complet

Dessin de Donald Trump lors de sa comparution.

Vous avez beaucoup d'expérience dans la fabrication de fausses histoires sexuelles qui paraissent réelles? a demandé Me Necheles.

Ce n'est pas comme ça que je décrirais ça, a rétorqué la témoin, repoussant certaines attaques du tac au tac. Le sexe dans les films est bien réel, tout comme ce qui m'est arrivé dans cette pièce de la suite d'un hôtel près du lac Tahoe.

Si cette histoire était fausse, je l'aurais écrite pour qu'elle soit bien meilleure.

Une citation de Stormy Daniels

Mardi, Stormy Daniels ne s'est pas présentée comme une victime, mais elle a semblé indiquer que la relation sexuelle alléguée avec M. Trump, de 32 ans son aîné, n'avait pas été pleinement consensuelle, ce qu'elle n'avait jamais publiquement affirmé auparavant.

Selon des sources citées par CNN, la défense a décidé de prolonger la durée initialement prévue du contre-interrogatoire en raison de la tournure de l'interrogatoire mené par les procureurs.

Me Necheles a tenté à maintes reprises de soulever des contradictions entre le témoignage de Mme Daniels en cour et les récits qu'elle a faits de cette soirée au cours des dernières années, dans les médias ainsi que dans un livre.

Votre histoire a complètement changé, a soutenu l'avocate.

Non! Vous tentez de me faire dire qu'elle a changé, mais elle n'a pas changé, a répliqué Stormy Daniels.

Susan Necheles a entre autres souligné que Mme Daniels, dans une entrevue accordée à la revue Vogue en 2018, n'avait pas mentionné la présence d'un garde du corps à l'extérieur de la chambre où la relation sexuelle se serait produite.

Mme Daniels, aujourd'hui âgée de 45 ans, a dit ne pas fournir tous les détails dans chaque entrevue qu'elle donne et a dit ne pas contrôler ce que les médias choisissent de publier.

Mardi, elle a dit aux procureurs que la présence du garde du corps avait contribué à un déséquilibre de pouvoirs qui l'avait mise mal à l'aise.

Dès le début de sa comparution, mardi, Stormy Daniels, dont le vrai nom est Stephanie Clifford, avait indiqué qu'elle préférait qu'on s'adresse à elle sous son nom professionnel.

Des motivations financières

Donald Trump parle.

« Je pense que vous verrez des choses très intéressantes aujourd'hui », avait soutenu Donald Trump avant le contre-interrogatoire de Stormy Daniels, le 9 mai 2024.

Photo : Getty Images / VICTOR J. BLUE / AFP

Susan Necheles a accusé Stormy Daniels d'avoir été motivée par l'appât du gain, ce qu'a nié la principale intéressée.

Vous menaciez de nuire politiquement au président Trump s'il ne vous donnait pas d'argent pour cette histoire? a demandé l'avocate.

J'ai choisi la sécurité, a répondu Stormy Daniels. La meilleure solution consistait à protéger mon histoire par une trace écrite pour que ma famille ne soit pas en danger, a-t-elle soutenu.

Stormy Daniels a reçu 130 000 $ US de la part de l'ancien avocat personnel de M. Trump, Michael Cohen, dans le cadre d'un accord de non-divulgation, quelques jours avant l'élection présidentielle de 2016.

Me Necheles a par la suite évoqué le livre Full Disclosure (« Divulgation totale » en français), dans lequel Stormy Daniels parle de son aventure alléguée avec Donald Trump.

Vous vouliez gagner plus d'argent, n'est-ce pas? a insisté l'avocate, affirmant que le livre avait rapporté 800 000 $ US à Stormy Daniels.

Me Necheles a aussi montré des messages sur les réseaux sociaux dans lesquels Mme Daniels pointait vers sa boutique en ligne, où elle vend des articles comme des chandelles et des t-shirts en lien avec la mise en accusation de Donald Trump.

Me Necheles a avancé que la témoin profite financièrement de l'inculpation de l'ancien président.

Tout comme M. Trump, a riposté Mme Daniels, une allusion aux divers articles vendus par l'équipe de campagne du candidat républicain en lien avec ses inculpations dans quatre procès criminels.

Donald Trump invoque par ailleurs régulièrement ses mises en accusation dans des courriels de sollicitation de contributions financières à ses partisans.

Au terme du contre-interrogatoire, Me Necheles a demandé à Mme Daniels si les documents financiers de Donald Trump lui étaient familiers, une façon de souligner que son témoignage n'est pas directement lié aux accusations de falsification de documents portées par les procureurs.

Je ne sais rien à propos de ses documents financiers, non. Pourquoi serais-je au courant? a répondu Mme Daniels.

L'ex-président est accusé d'avoir falsifié des documents pour dissimuler le remboursement fait à son ancien homme de confiance dans le but de favoriser sa victoire électorale.

Si les accusations de falsification de documents ne sont pas liées au virement fait à Mme Daniels, ce paiement est toutefois au centre de la trame narrative des procureurs, qui accusent Donald Trump d'avoir fomenté « un plan criminel pour corrompre l'élection de 2016 ».

Témoignages plus sobres liés aux documents

La comparution de Stormy Daniels a été suivie de témoignages d'une tout autre teneur.

Les procureurs ont notamment appelé à la barre une employée de la comptabilité de la Trump Organization, une témoin dont les propos, sans contredit moins contentieux, sont liés au remboursement allégué à Michael Cohen.

Rebecca Manochio a précisé qu'au début de la présidence de son ancien patron, elle lui envoyait des chèques pour qu'il les signe non pas directement à la Maison-Blanche mais au domicile de deux de ses collaborateurs, dont son garde du corps Keith Schiller.

Les procureurs arguent que Donald Trump a repayé Michael Cohen en 11 versements faits par chèque, dont neuf qu'il a lui-même signés, pour un remboursement faussement présenté comme des honoraires.

Un témoin précédent, un ancien contrôleur de la Trump Organization, a indiqué lundi que les deux premiers chèques avaient été faits par la fiducie créée pour gérer l'entreprise de Donald Trump pendant sa présidence et que les neuf chèques subséquents, signés personnellement par M. Trump, étaient liés à son compte personnel.

Appelée ensuite à la barre, Madeleine Westerhout, qui a été la secrétaire personnelle de Donald Trump, puis la directrice des opérations du bureau ovale, a admis qu'il portait une attention particulière aux détails financiers.

Elle a en outre indiqué avoir envoyé un courriel à Michael Cohen pour une invitation à la Maison-Blanche en février 2017 et a confirmé sa visite. Ce dernier affirme que c'est lors de cette rencontre que son ancien patron et lui ont convenu du remboursement qui lui serait versé pour le paiement fait à Stormy Daniels.

L'ancienne collaboratrice de Donald Trump a éclaté en sanglots quand elle a témoigné de son congédiement de la Maison-Blanche, en 2019, après qu'elle eut révélé des détails sur la famille de Donald Trump.

Elle en a tracé un portrait flatteur, le décrivant comme un bon patron et un mari soucieux de l'opinion de sa femme, Melania. Personne d'autre ne pouvait le mettre à sa place, a-t-elle déclaré.

Le juge rejette deux requêtes de la défense

À l'issue des témoignages, le juge Juan Merchan a opposé un refus à deux demandes de la défense, qui a notamment renouvelé sa requête pour faire annuler le procès à cause de certaines déclarations faites en cour par Mme Daniels.

Le juge a estimé que la défense avait ouvert la porte à son récit quand elle a démenti ses allégations dans sa déclaration d'ouverture.

Les avocats de Donald Trump ont amplement eu l'occasion de s'opposer aux questions auxquelles Stormy Daniels a donné des réponses préjudiciables à leur client, a-t-il conclu.

À titre d'exemple, le magistrat a dit être médusé par le fait qu'ils ne se soient pas opposés à une question des procureurs sur le port d'un préservatif.

Le juge a également rejeté leur requête visant à faire annuler l'ordonnance de bâillon concernant spécifiquement Stormy Daniels. Son objectif, a-t-il dit, est de protéger l'intégrité de cette procédure dans son ensemble.

Avant le procès, le juge Merchan a interdit à l'accusé de s'en prendre publiquement aux témoins, aux jurés et au personnel du tribunal.

À sa sortie du tribunal, Donald Trump a conspué un juge corrompu. C'est une honte pour la ville de New York, pour l'État de New York et pour le pays, a-t-il commenté à propos d'une des deux décisions rendues, sans préciser laquelle.

Karen McDougal ne témoignera pas

Karen McDougal, souriante.

Karen McDougal en 2010

Photo : Getty Images / Dimitrios Kambouris

Alors que la défense est revenue à la charge pour s'opposer au témoignage d'une autre présumée maîtresse de l'ex-président, Karen McDougal, les procureurs ont indiqué qu'il n'était pas dans leur intention de la convoquer à la barre.

L'ancienne playmate a pour sa part reçu 150 000 $ US du groupe de presse American Media Inc. (AMI) pour garder le silence sur une aventure qui aurait duré 10 mois, de 2006 à 2007.

Le premier témoin du procès, l'ex-PDG du groupe AMI, David Pecker, a déclaré que son entreprise avait acheté son histoire dans le cadre d'une stratégie, élaborée avec Donald Trump visant à acheter et à supprimer les informations susceptibles de nuire à sa campagne électorale.

Avec les informations de New York Times, The Guardian, CNN, Reuters et Agence France-Presse

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