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Des résidus de sacs en plastique envahissent un champ de Saint-Casimir

Un champ avec un montagne et loin. Sur le sol: des  bouts de sacs de plastique.

Le champ de Réjean Laquerre est maintenant constellé de débris de plastique.

Photo : Radio-Canada / FLAVIE SAUVAGEAU

Un producteur de grains de Saint-Casimir, dans la région de Portneuf, s’inquiète de voir un de ses champs constellé de débris de plastique. Ces morceaux de sacs lui ont été livrés avec des feuilles mortes collectées notamment à Québec.

Le champ de Réjean Laquerre se situe au nord des basses terres du Saint-Laurent, juste avant que la route 363 n'entame les premières côtes au pied du Bouclier canadien. L’an dernier, il y cultivait du blé. Il prévoit y semer du soya au printemps.

Cependant, les déchets de plastique qui pullulent dans son champ le font aujourd’hui douter. Impossible d’y faire un pas sans apercevoir un bout de sac ou un objet en plastique déchiqueté.

Il y a ça à la grandeur, déclare-t-il en se penchant pour en ramasser un morceau.

Des morceaux de sacs de plastique sur des restes de paille et de feuilles mortes.

Réjean Laquerre explique que les débris sont devenus plus apparents au cours de l'hiver.

Photo : Radio-Canada / FLAVIE SAUVAGEAU

Pas naturel

De nombreux citadins ont l’habitude de racler les feuilles mortes sur leur terrain à l’automne et de les mettre dans des sacs orange ramassés par leur municipalité. Ces feuilles mortes peuvent ensuite être compostées ou utilisées comme un intrant agricole.

À la recommandation d’un agronome, le producteur de grains Réjean Laquerre a reçu des chargements de feuilles mortes collectées en ville pour les épandre sur sa terre l’automne dernier. Mais après qu’un employé eut commencé à les épandre dans le champ, il s'est rendu compte que la cargaison reçue contenait aussi de nombreux résidus de sacs en plastique.

Ça serait supposé être naturel, mais cette fois-ci, ce n'est pas naturel ben ben, déplore-t-il.

Réjean Laquerre est debout dans son bureau.

« On va se ramasser avec nos champs comme les océans sont : avec des plastiques dedans », déplore Réjean Laquerre.

Photo : Radio-Canada / FLAVIE SAUVAGEAU

Du plastique déjà épandu

C'est l'entreprise Récupération Tersol qui lui a fourni les feuilles. Elle a conclu des ententes avec plusieurs municipalités pour le transport et le recyclage de résidus verts. De 2021 à 2023, elle avait un contrat avec la Ville de Québec.

C’était la deuxième année que j'en recevais, raconte Réjean Laquerre. La première année, c'était la première fois qu'il y avait ça. Ils avaient eu des problèmes, des débris sur le terrain, mais ils ont remédié à la chose en venant les ramasser, raconte-t-il.

Une bâtisse d'un étage au toit pointu et des voitures noires stationnées devant.

Le propriétaire de Récupération Tersol, Mario Guillemette, assure que ses employés se rendront à Saint-Casimir pour retirer les morceaux de plastique restants dans le champ de Réjean Laquerre.

Photo : Radio-Canada / JEAN-FRANÇOIS FORTIER

S'il s'attendait à trouver un peu de plastique parmi les feuilles, ce n’est qu’après qu’un de ses employés eut commencé à épandre les feuilles qu’il a constaté l’ampleur des dégâts.

Ça paraissait moins que ça, parce que c'était un champ de blé [...], mais là, ce printemps, ça paraît pire, parce que la paille est descendue par terre.

Une citation de Réjean Laquerre, producteur agricole

Réjean Laquerre affirme avoir contacté Tersol dès l’automne pour qu’elle vienne ramasser le plastique dans son champ, comme le stipulait leur entente. Ses équipes seraient venues une seule journée. Depuis, il aurait fait des demandes répétées pour qu’elles reviennent.

Un tas de feuilles mortes dans un champ.

Réjean Laquerre raconte que les débris de plastique sont moins apparents lorsque les feuilles sont livrées.

Photo : Radio-Canada / FLAVIE SAUVAGEAU

Du jamais-vu

L’agronome Aude Faucher collabore avec Réjean Laquerre. On utilise les feuilles mortes surtout pour des champs où la matière organique est faible. C'est très riche en matière organique, explique-t-elle.

C'est la première fois qu’elle voit une livraison de feuilles aussi contaminée. On a déjà vu un petit peu de plastique dans les résidus, mais pas cette quantité-là, déclare-t-elle.

Notons qu’Aude Faucher n’est pas l’agronome qui a donné les directives pour l’épandage de feuilles chez Réjean Laquerre.

Deux autres producteurs agricoles de la région ont confirmé à Radio-Canada qu'ils ont fait face au même problème au cours des derniers mois.

Un bâtiment d'un étage et des voitures noires stationnées devant.

Les bureaux de Récupération Tersol sont situés à Trois-Rivières.

Photo : Radio-Canada / JEAN-FRANÇOIS FORTIER

Tersol promet de tout ramasser

Au téléphone, le propriétaire de Recyclage Tersol, Mario Guillemette, explique que « les feuilles sont tamisées à 95 % mais [que des résidus] réussissent à passer au travers ».

C'est pour cela, soutient-il, que « pendant le chargement, un employé reste proche du camion pour vérifier [la présence de déchets] ».

Selon lui, c’est le dernier tri à faire au champ qui permet de s’assurer qu’il ne reste plus de plastique dans les feuilles.

Il promet d’ailleurs que ses employés se rendront à Saint-Casimir au mois de mai pour ramasser tous les morceaux de plastique restants.

Malgré cela, Réjean Laquerre n'est pas convaincu. Il croit que le mal est déjà fait, puisque des sacs de plastique ont déjà été éparpillés au loin. Il a fait une plainte au ministère de l’Environnement, ce que ce dernier a confirmé par courriel.

Une erreur ponctuelle, selon la ville de Québec

Au téléphone, le porte-parole de la Ville de Québec François Moisan explique qu’il trouve la situation bizarre puisque, normalement, ses fournisseurs font un préconditionnement des feuilles collectées. Elles vident les sacs et retirent les matières étrangères.

Il croit qu’il s’agit d’une erreur ponctuelle.

Que dit la réglementation?

Au Québec, c’est le Guide sur le recyclage des matières résiduelles fertilisantes qui encadre l’épandage de matières telles que les feuilles mortes, les boues municipales, le compost et la cendre en zone agricole.

L’agronome Marc Hébert, aujourd’hui expert-conseil indépendant en valorisation des matières organiques, a contribué à sa rédaction du temps où il travaillait au ministère de l'Environnement.

Au téléphone, il explique que les feuilles mortes collectées dans des sacs en papier dégradables sont considérées comme propres et qu’elles peuvent être envoyées directement sur les fermes pour un épandage au champ.

Un amoncellement de feuilles mortes à Québec.

De nombreux citoyens ont encore l'habitude de mettre leurs feuilles mortes dans des sacs en plastique. Ici, la cueillette à Thetford Mines.

Photo : Radio-Canada / Carl Boivin

Cependant, les feuilles collectées en sac doivent passer par des étapes supplémentaires, car elles sont considérées comme étant moins propres.

Une première option, dans ce cas, consiste à tamiser les feuilles, puis à en faire du compost.

Une autre option, c'est d’avoir les mêmes équipements, mais sans faire du compost, donc il y a des équipements pour ouvrir les sacs, des tamis pour enlever ce qu’il reste de morceaux de plastique, décrit-il. Après ça, ce site-là doit être autorisé [...] par le ministère de l’Environnement, puis il doit faire l’analyse des feuilles pour garantir que le produit qui va être livré sur la ferme contient peu de corps étrangers.

Selon lui, le fait de marcher ensuite dans le champ pour retirer les morceaux de plastique restants peut être une bonne pratique puisqu’elle permet également de retirer d’autres déchets qui auraient pu s’y trouver.

Il rappelle cependant que les matières étrangères ne doivent pas composer plus de 1 % du chargement de feuilles.

Pour une cueillette dans des sacs en papier

Réjean Laquerre et Mario Guillemette s’entendent pour dire que l’obligation d’utiliser des sacs en papier pour la collecte des feuilles, comme c’est le cas à Trois-Rivières, leur faciliterait la vie.

Toutefois, Mario Guillemette rappelle que les gens sont moins enclins à participer à la collecte lorsque les sacs sont en papier, notamment parce qu’ils sont plus dispendieux.

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