Cessez-le-feu à Gaza : une famille « exclue » met une synagogue en demeure

Un homme de confession juive et sa conjointe envoient une mise en demeure aux gestionnaires d'une synagogue pour avoir été exclus d'une activité religieuse en raison de leur prise de position en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza.

Jesse Greener, un professeur de l'Université Laval, et sa conjointe affirment qu'ils n'ont pas pu participer à un repas de la Pâque juive, le 23 avril dernier, à la synagogue Beth Israel Ohev Sholem CBIOS de Québec.

Cette année, on a été informés, bannis du service, à cause de notre implication [dans] le mouvement [en faveur] d'un cessez-le-feu à Gaza, déplore M. Greener, joint par téléphone.

Selon lui, des propos tenus sur les médias sociaux en faveur d'un cessez-le-feu auraient pu contribuer à cette décision. On n'est pas gênés de ça, mais il faut dire qu'on n’a jamais parlé de ça à la synagogue ou avec les familles : ça peut être sensible. C'est une position personnelle, assure Jesse Greener.

Cet homme qui habite depuis des années à Québec ajoute pourtant avoir participé à plusieurs activités similaires organisées dans le passé par les gestionnaires de la synagogue Beth Israel Ohev Sholem CBIOS.

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M. Greener dit se sentir exclu de la communauté. La Pâque juive, c'est une occasion où on laisse la politique à la porte, déplore-t-il. On trouve ça très bizarre de bloquer la présence d'une famille qui est différente dans son opinion.

La congrégation réagit

Une des gestionnaires de la synagogue confirme que le couple a été invité à ne pas participer à une activité de célébration de la Pâque juive.

Il a été demandé [aux membre de cette] famille (qui ne sont pas des membres [...] payeurs de notre congrégation) de ne pas assister à l'événement [à la synagogue] le 23 avril [puisque] certains membres payeurs n'auraient pas participé à l'événement, car ils ont des points de vue opposés à [ceux de] [cette] famille, indique Debbie Rootman, vice-présidente et trésorière pour la congrégation Beth Israel Ohev Sholem CBIOS.

Notre obligation est envers les membres payeurs en premier et ensuite les invités de la communauté, ajoute Mme Rootman.

Selon elle, il s'agit de la seule activité organisée par la synagogue dont cette famille a été exclue. La famille aurait notamment participé à un repas le 21 avril.

Intolérable et répréhensible

Dans une mise en demeure envoyée par Me Julius Grey, un avocat spécialisé en droits de la personne, le couple demande un engagement formel de la congrégation à cesser toute forme de discrimination basée sur les convictions politiques. La mise en demeure ouvre d'ailleurs la porte à des poursuites judiciaires.

Cette conduite est tout simplement intolérable et répréhensible. Il est inacceptable qu'au Canada, une société qui se veut libre et démocratique, des individus soient exclus d'événements religieux en raison de leurs convictions politiques, écrit M. Grey.

Nous vous rappelons que la Charte des droits et libertés de la personne du Québec garantit à tous les citoyens la liberté d'opinion, sans aucune discrimination, peut-on lire.

La congréation Beth Israel Ohev Sholem CBIOS n'a pas précisé les suites qu'elle donnera à cette mise en demeure.