Avez-vous acheté un véhicule usagé volé à votre insu?

Derek Crocker pensait être protégé en achetant une camionnette chez un concessionnaire. Le Torontois a toutefois découvert par la suite que son Ford F-150 usagé, payé près de 60 000 $, avait été volé et portait un numéro d'identification de véhicule (NIV) frauduleux.

Près du tiers des véhicules volés au Canada seraient maintenant revendus avec un NIV cloné, estiment les policiers, que ce soit chez un concessionnaire ou en vente privée, y compris sur Instagram.

Les voleurs s'adapteraient ainsi aux mesures prises par les autorités pour contrer l'exportation des véhicules volés à l'étranger, entre autres par le port de Montréal.

Les voleurs exploitent le fait qu'il n'existe pas de base de données nationales de NIV au Canada ni aux États-Unis.

C'est un marché tellement lucratif. C'est de l'argent vite fait.

Un acheteur victime du stratagème

Dans le cas de M. Crocker, sa camionnette achetée en 2022 portait le NIV d’une camionnette immatriculée en Utah, aux États-Unis.

J’avais acheté le véhicule d’un concessionnaire justement pour ne pas faire face à ce genre de problème.

Lorsqu’il a voulu utiliser l’application de Ford pour sa camionnette, il s’est rendu compte que le déverrouillage des portières ne fonctionnait pas avec le NIV affiché sur son tableau de bord. L’application indiquait par ailleurs que le véhicule avait comme localisation les États-Unis.

Ce n’est toutefois qu’après un accident qu’il a compris que la camionnette avait été volée. Son garagiste a commandé des pièces de rechange en se fondant sur le NIV pour ensuite constater que les pièces étaient inutilisables pour la camionnette.

J’ai googlé le NIV affiché dans ma camionnette et j’ai vu que le numéro était celui d’une camionnette en vente en Utah, raconte M. Crocker. Les voleurs avaient placé de faux autocollants de NIV dans sa camionnette.

M. Crocker a appelé la police, qui a saisi le véhicule volé pour le rendre à son véritable propriétaire. L'assureur de M. Crocker a refusé de l'indemniser, étant donné que la camionnette avait été volée. Le concessionnaire a accepté finalement de lui rendre son argent.

Comment se protéger?

Les criminels utilisent souvent les numéros d'identification d'un véhicule comparable qui a été accidenté ou qui est immatriculé dans une autre province ou dans un État américain afin de tromper les acheteurs, racontent les policiers.

Il est recommandé de vérifier les autocollants de NIV sur le tableau de bord et entre les portières du véhicule usagé (côté conducteur) que l'on veut acheter. S'ils semblent gondoler, peut-être que le véritable autocollant se cache en dessous.

Un autre conseil pour les acheteurs : utiliser un service de vérification du NIV comme Carfax pour voir si le véhicule apparaît comme accidenté puis sans dommage dans la base de données, ou s'il est immatriculé dans un autre État ou une autre province.

Actuellement, le même numéro d'identification peut être utilisé [par des voleurs] pour deux véhicules dans des provinces différentes. Il faut mettre fin à ça.

C'est un problème national, renchérit le chef adjoint de la Police régionale de Peel, Nick Milinovich. C'est pour ça qu'il est d'important d'avoir un registre national.

Si des changements au processus d'enregistrement provincial sont nécessaires, nous n'hésiterons pas à les adopter, affirme le ministère ontarien du Solliciteur général dans une déclaration écrite.

D'après des renseignements recueillis par David Common, de CBC News