Les insectes et les moustiques pourraient être moins nombreux cet été
Les moustiques ne sont pas appréciés de beaucoup d'humains et pas tellement plus de beaucoup d'autres animaux.
Photo : iStock
Pour certains, les moustiques sont l'un des aspects les plus agaçantes de la saison chaude. Or, sachez que les insectes piqueurs pourraient être moins présents cet été.
C'est du moins l'hypothèse qu'émet l'entomologiste Robert Loiselle. La faible quantité de neige tombée au cours des derniers mois explique la situation puisque les larves ont besoin d'eau pour grandir. La faible quantité de neige, combinée aux douces températures, résulte aussi en certaines espèces qui émergent plus tôt du sol.
Ce qui arrive, c’est que l’étang des fontes des neiges vont être tout petits. S’il n’y a pas d’eau de fonte des neiges, ça ne va pas durer longtemps, explique l’ancien professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Les œufs sont toujours prêts dans le sol, ils attendent les conditions parfaites. Mais là, il y aura moins de larves, l’eau va s'évaporer rapidement et en bout de ligne, il y aura moins d’adultes.
Robert Loiselle est un entomologiste et professeur retraité de l'Université du Québec à Chicoutimi. Selon lui, les insectes piqueurs seront moins présents cet été.
Photo : Radio-Canada
Seulement d’importantes quantités de pluie ce printemps pourraient favoriser l'apparition des moustiques, mais selon M. Loiselle, il est peu probable que ce soit assez pour que les insectes soient aussi nombreux qu'à l'habitude. Le déficit à rattraper avec la faible quantité d'eau qui s'annonce pour la fonte des neiges est important.
Les conséquences des changements climatiques
Pour Robert Loiselle, 2024 est un cas assez rare. Il se remémore une année similaire à la fin des années 1980. Ce n’est toutefois pas particulièrement inquiétant pour lui.
Il n’y a pas d'espèces qui vont disparaître, mais certaines pourraient être affectées parce que le sol va être très sec. Celles qui aiment bien l’humidité, par contre, pourraient trouver l’été plus difficile, explique-t-il. Tout le processus va démarrer plus tôt, mais je ne crois pas que ce sera dévastateur.
Bien que ce n’est pas ce qui soit prévu dans les prochaines semaines, l’entomologiste rappelle que si le mercure devait chuter sous la barre des -15 °C, cette situation serait catastrophique pour les espèces qui commencent à émerger du sol puisqu'elles n’auraient pas de nourriture.
À long terme, les changements climatiques auront des impacts considérables sur les insectes, selon l’entomologiste.
C’est sûr que si le climat change, que ça se réchauffe… on voit déjà les conséquences de ça. Certaines espèces qui habitent plus au sud du pays vont remonter vers le nord, comme c’est le cas avec la tique à pattes noires, porteuse de la maladie de Lyme, qui est maintenant présente au Saguenay depuis une dizaine d’années, mentionne Robert Loiselle. La présence de nouvelles espèces d’insectes peut avoir des conséquences sur certaines cultures.
La tique à pattes noires est l'espèce qui transmet la maladie de Lyme.
Photo : Oleksandr Yuchynskyi
Les feux de forêts, qui ont été d'une ampleur inégalée au Canada et au Québec en 2023, peuvent aussi favoriser l’apparition d’insectes, comme des longicornes, qui profitent des arbres morts pour se nourrir. À l’inverse, les colonies d’insectes locales où ont lieu les feux peuvent être grandement abîmées.
Les longicornes ont une mâchoire qui leur permet de creuser au travers du bois.
Photo : CBC/Markus Schwabe
Des moustiques indispensables
Même si la présence moins importante des moustiques représente une bonne nouvelle pour nos sorties extérieures cet été, Robert Loiselle rappelle que les insectes sont essentiels au bon fonctionnement de notre écosystème et au maintien de la biodiversité.
Si on ne les avait pas, on serait vraiment dans le trouble. Chaque insecte a son rôle à jouer dans l’économie de la nature.
