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Une aide additionnelle de 133 millions $ US des États-Unis pour Haïti

Un soldat.

L'aide américaine devrait grandement aider les forces de l'ordre haïtiennes à gérer la violence causée par les gangs. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / RALPH TEDY EROL

Les États-Unis portent à 300 millions de dollars américains leur contribution financière à l'aide humanitaire en Haïti et à la force de sécurité multinationale devant répondre aux problèmes de violence qui secouent le pays. C'est ce qu'a annoncé le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, lors d'un passage à Kingston, en Jamaïque, lundi.

Dans le cadre d'une réunion d'urgence organisée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. Blinken a annoncé une aide supplémentaire de 100 millions de dollars américains pour la force multinationale et de 33 millions en aide humanitaire. Ces sommes viennent s'ajouter aux 170 millions déjà engagés.

Cette mission multinationale d’appui à la sécurité, autorisée par les Nations unies en octobre dernier, a pour objectif de stabiliser Haïti. Selon le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, Washington est en contact avec le Kenya, qui doit diriger la mission.

Nous avons eu une journée intense, mais une bonne journée aujourd'hui. Nous avons besoin de cette force multinationale maintenant plus que jamais pour assurer la sécurité [en Haïti], où la situation continue de se détériorer, a affirmé le secrétaire d'État.

Antony Blinken.

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, se dit « optimiste » quant aux capacités du pays de se stabiliser.

Photo : AFP / VIA GETTY IMAGES / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

M. Blinken s'est dit optimiste, tout comme ses homologues présents à la réunion de la CARICOM à Kingston. Chaque membre présent, dont le Canada, a reconnu la gravité de la situation en Haïti et la nécessité d'apporter une aide supplémentaire pour favoriser le retour de la sécurité menacée par les gangs.

Le Canada avait annoncé, le 22 février dernier, une aide de 123 millions de dollars canadiens, dont 80,5 millions pour la force multinationale.

Au-delà des questions humanitaire et sécuritaire, Antony Blinken a précisé, à l'instar d'autres représentants des pays de la CARICOM, qu'il soutenait la mise en place rapide d'une transition politique en Haïti par la création d'un collège présidentiel indépendant pour aider le pays à se remettre sur la voie de la stabilité et de la croissance économique.

La première ministre de la Barbade, Mia Mottley, a spécifié que ce gouvernement provisoire serait composé de gens qui ne pourront participer aux prochaines élections organisées, assurant ainsi une transition politique décidée par les Haïtiens eux-mêmes.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé tous les acteurs politiques haïtiens à des négociations sérieuses pour rétablir les institutions démocratiques du pays.

Le système politique n'existe pas en Haïti

Haïti est plongé dans une spirale de violence en raison de la mainmise de gangs armés à Port-au-Prince, une ville en état de siège, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). La police haïtienne tente de reprendre le contrôle de la capitale à la suite d'attaques perpétrées par ces groupes criminels contre au moins trois postes de police.

L'ambassadeur du Canada à l'ONU, Bob Rae, a confirmé que les autorités canadiennes s'étaient entretenues, comme d'autres membres de la CARICOM, avec le premier ministre haïtien, Ariel Henry, qui se trouve à Porto Rico. M. Rae n'a rien voulu dire du contenu de cet échange mené avec M. Henry ainsi qu'avec des membres de son équipe.

Entrevue avec Bob Rae, ambassadeur canadien à l'ONU

Les groupes criminels qui font régner la terreur en Haïti réclament la démission d'Ariel Henry, une demande qui est aussi relayée par une partie de la population haïtienne.

Bob Rae décrit ainsi le marasme qui frappe l'État haïtien : Le problème, c'est qu'il n'y a pas de président maintenant, il n'y a pas de chef d'État, le système politique n'existe pas, les institutions sont très affaiblies par les événements des dernières années.

Nous devons pour nous tous, pas seulement pour la population d'Haïti, pour toute la région, c'est une nécessité d'établir un État.

Une citation de Bob Rae, ambassadeur canadien aux Nations unies à Tout un matin

Selon M. Rae, les pays de la région s'inquiètent d'un éventuel débordement de la violence au-delà des frontières haïtiennes. Le crime organisé, les gangs organisés ne vont pas s'arrêter dans un pays; avec le trafic des personnes, le trafic de drogue et tout ce qu'on voit, c'est un problème un peu partout dans le monde. Pas seulement dans les Caraïbes.

Lors d'une visite au Brésil et au Guyana récemment, l'ambassadeur canadien à l'ONU s'est fait dire par les autorités de ces pays que la violence en Haïti commence à avoir un impact partout dans la région.

Des voitures incendiées dans une rue déserte de Port-au-Prince, jonchée de déchets.

Des voitures incendiées dans une rue de Port-au-Prince ne sont qu'une des illustrations de la situation «désastreuse» qui prévaut en Haïti et qui a incité la CARICOM à convoquer une réunion d'urgence lundi à Kingston, en Jamaïque.

Photo : Getty Images / CLARENS SIFFROY (AFP)

Des élections promises, mais jamais tenues

Dimanche, le premier ministre canadien s'était entretenu avec ses homologues de la Jamaïque et de la Barbade, Andrew Holness et Mia Mottley. Justin Trudeau a dit croire que la réunion d'urgence de lundi devait mener à la tenue d'élections libres et équitables en Haïti.

Depuis 2016, il n'y a pas eu d'élections en Haïti, a expliqué Etienne Côté-Paluck, journaliste indépendant basé à Port-au-Prince, en entrevue sur ICI RDI, lundi. Le premier ministre Henry, au pouvoir depuis deux ans et demi, avait pourtant promis d'en organiser, et les gens se demandent maintenant si c'était vraiment son intention.

Du fait qu'il n'est pas parvenu à gérer la question des groupes criminels armés, Ariel Henry est vraiment très impopulaire dans le pays, affirme M. Côté-Paluck. Il n'y a plus vraiment d'autre choix [pour lui] que de laisser la place.

Le premier ministre Henry avait signé début mars un accord à Nairobi pour permettre l'envoi de policiers kényans dans son pays. Il chercherait, depuis, à regagner Haïti. Nommé par le président Jovenel Moïse juste avant l'assassinat de ce dernier en 2021, il aurait dû quitter ses fonctions début février.

On est un peu laissés à nous-mêmes

Le journaliste Etienne Côté-Paluck affirme que la population dans la capitale est toujours sous le choc des événements qui se sont produits vendredi soir, alors que des tirs se sont fait entendre pendant quatre heures d'affilée. Les groupes criminels ont maintenant dans leur mire le Champ de Mars, dit-il, vaste place publique du centre-ville de Port-au-Prince que contrôle encore la police, et sur laquelle était érigé le palais national avant le séisme qui a ravagé Haïti en janvier 2010.

L'aéroport et le port ne fonctionnent plus, faisant craindre un effondrement de l'approvisionnement de la population du pays le plus pauvre des Amériques. Les hôpitaux, visés par les gangs, ne peuvent fonctionner normalement. Les écoles sont fermées et les habitants de la capitale, couvre-feu oblige, ne sortent guère de chez eux, explique M. Côté-Paluck : On est un peu laissés à nous-mêmes.

L'état d'urgence, d'abord instauré le 3 mars, a été prolongé quelques jours plus tard devant la recrudescence de la violence des gangs, qui contrôlent la majeure partie de Port-au-Prince. Un couvre-feu nocturne est aussi en vigueur.

Les Haïtiens attendent de la réunion d'urgence de Kingston qu'elle mène à un choix sensé pour donner une nouvelle direction politique au pays et y restaurer la sécurité, résume Etienne Côté-Paluck.

Selon l'OIM, 362 000 personnes (dont plus de la moitié sont des enfants) sont actuellement déplacées en Haïti, un chiffre qui a bondi de 15 % depuis le début de l'année.

Avec les informations de Agence France-Presse, Reuters, Associated Press, La Presse canadienne et CBC

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