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Les responsables d’hébergement pour femmes violentées interpellent François Legault

Trois regroupements de maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale réclament du premier ministre qu'il concrétise l'engagement pris en 2021 pour contrer la violence conjugale au Québec.

Une femme agenouillée dans la pénombre d'une cuisine consulte son téléphone cellulaire.

Le dédale administratif et l'absence de programme de financement adapté à la réalité de l'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale a pour effet de bloquer la construction de nouvelles ressources, dénoncent trois groupes du Québec dans ce secteur.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Trois groupes d'aide aux femmes et aux enfants victimes de violence conjugale dénoncent le fait que la construction de maisons d'hébergement soit compromise par « les délais » et « les incohérences » bureaucratiques du gouvernement du Québec, qui mettraient en péril la création de plus de 600 places.

Les trois regroupements ont rapporté qu'en raison des contraintes actuelles, de nombreux projets sont à l'arrêt, dont deux en Abitibi-Témiscamingue, deux à Montréal, un à Québec et un à Thetford Mines. Certains autres seraient aussi menacés dans les Laurentides, selon leurs dires.

Cela a pour conséquence de mettre sur la glace la création de 60 nouvelles places d'hébergement de première ligne et de 570 autres places en hébergement de deuxième étape, c'est-à-dire pour les femmes nécessitant une intervention à plus long terme.

En conférence de presse, mercredi, c'est un cri du cœur au premier ministre du Québec qu'ont lancé les responsables du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, de l'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2) et de la Fédération des maisons d'hébergement.

En 2021, François Legault avait pris des engagements, a déclaré Louise Riendeau du Regroupement, eh bien, il faut que ces engagements-là se traduisent dans la réalité.

En avril 2021, le gouvernement Legault a annoncé qu'il consacrait près de 223 millions de dollars sur cinq ans à la lutte contre la violence conjugale et les féminicides. De cette somme, 92 millions allaient aux centres d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale.

Pour répondre au manque criant de places et construire de nouvelles maisons, des équipes se sont vu confirmer du financement. Elles ont acheté des terrains, ont franchi les multiples étapes préliminaires pour l'approbation de projets (zonage, décontamination de sol, etc.) et ont conçu des plans finaux et conformes.

Quelques-uns de ces projets ont abouti et il y a eu de l'argent pour des services, a expliqué Louise Riendeau à l'émission Midi info, sur ICI Première. Mais quand on regarde les bâtisses qui seraient nécessaires pour offrir plus de services, il y a eu peu de résultats.

Certains projets au financement assuré et en voie de se concrétiser se sont vu tirer la plogue. D'autres, enfin, sont en attente de réponse.

En clair, l'appareil gouvernemental et la Société d'habitation du Québec leur tirent le tapis de sous les pieds en bloquant, ou en refusant ces projets, dénoncent-elles. Une situation incompréhensible du fait qu'aucune nouvelle maison d'hébergement n'a vu le jour au Québec depuis une quinzaine d'années.

En novembre dernier, Québec a reçu 97 millions de dollars du gouvernement fédéral pour lutter contre la violence faite aux femmes. En vertu d'une entente bilatérale, le gouvernement Legault était libre d'utiliser les fonds en fonction des besoins qu'il jugeait prioritaires.

Ce n'est pas du logement social

Des femmes manifestent et arborent des pancartes, dont une sur laquelle on peut lire : « On ne tue jamais par amour ».

En 2021, des manifestations s'étaient tenues dans une vingtaine de municipalités du Québec dénonçant la violence perpétrée contre les femmes. Cette année-là, le gouvernement Legault avait annoncé l'octroi de près de 223 millions de dollars sur cinq ans pour remédier au problème. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Les responsables d'hébergement pour femmes violentées réclament du premier ministre Legault qu'il arrime le travail des ministères (Santé, Condition féminine et Habitation) et qu'il crée un programme de financement spécifique et adapté aux réalités de ces ressources. À l'heure actuelle, leurs projets doivent correspondre aux normes et aux exigences de construction de logement social.

Or, sécuriser des femmes ayant fui un conjoint violent requiert des espaces qui ne sont pas du logement social. Il faut des espaces où elles peuvent échanger, d'autres où leurs enfants peuvent jouer et d'autres où elles peuvent s'entretenir en toute confidentialité avec les policiers, le cas échéant. Il faut des locaux pour les employés et tout un mécanisme de sécurité, comme des fenêtres qui ne peuvent être fracassées.

La seule réponse qu'on a, c'est : "Vos projets coûtent trop cher la porte". Mais on compare, pour paraphraser le premier ministre [Legault], des pommes, des oranges et des bananes.

Une citation de Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Et finalement on se fait dire non, recommencez, s'insurge pour sa part Maud Pontel, coordonnatrice de l'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape (MH2). On nous demande à présent de revoir les projets pour déposer de nouvelles demandes de financement dans un programme toujours pas adapté et sans aucune garantie d'être sélectionné.

De dire Mme Pontel : Les projets nouvellement refusés ou bloqués ont des particularités distinctes, mais ils ont un point commun : ils ne "fittent" pas dans les programmes de logement social actuels.

Des listes d'attente partout

On a des projets qui sont prêts à partir en chantier dès demain matin.

Une citation de Maud Pontel, coordonnatrice de L’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale

Le manque de places brise le continuum de services, déplore Maud Pontel : Les femmes qui frappent à la porte de SOS violence conjugale ou qui appellent directement dans les maisons d'hébergement ne peuvent pas y avoir accès pour le moment.

Une maison de dix places peut accueillir jusqu'à 150 femmes dans une année, ajoute-t-elle. Il y a des listes d'attente partout.

De son côté, Louise Riendeau affirme que des périodes creuses, ça n'existe plus. Les taux d’occupation, qui étaient de 88 % en 2019-2020, atteignent maintenant les 103 %.

En 2021, poursuit-elle, les besoins pressants du Grand Montréal, de l’Outaouais et de l’Abitibi faisaient de ces régions des priorités pour le ministère de la Santé et des Services sociaux. Maintenant, dans à peu près toutes les régions, les ressources sont pleines. Et la durée des séjours faits par les femmes est plus longue, parce que la crise du logement fait en sorte qu’elles ne trouvent pas d’endroits où se loger.

La ministre Duranceau dit agir avec la Société d'habitation

Appelé à réagir, le cabinet de la ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, a reconnu que les maisons d'hébergement de première et de deuxième étape jouent un rôle primordial pour protéger et accompagner les femmes vulnérables.

Nous sommes conscients que les besoins sont grands. En collaboration avec la SHQ [Société d'habitation du Québec], nous soutenons les organismes pour que le développement des projets soit plus agile et plus efficace, notamment pour optimiser les coûts et assurer le succès des projets, a-t-on souligné par écrit.

Avec les informations de La Presse canadienne

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