Production privée d’électricité : réactions variées sur la Côte-Nord
Des compagnies qui cherchent à s’installer sur la Côte-Nord réfléchissent à bâtir leurs propres champs d’éoliennes ou de panneaux solaires.
Photo : Radio-Canada
De plus en plus d'entreprises de la région se tournent vers l'autoproduction d'énergie, alors qu'Hydro-Québec ne répond pas à la demande industrielle à l'échelle provinciale. Toutefois, la volonté de Québec de faire de plus en plus de place au privé dans la production d'électricité, voire dans sa distribution, suscite des réactions variées sur la Côte-Nord.
Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, envisage de légaliser la vente directe d'électricité d'une entreprise privée à une autre. Que ce soit pour produire de l’hydrogène vert, de l’acier ou des anodes de batterie, plusieurs compagnies qui cherchent à s’installer sur la Côte-Nord réfléchissent à bâtir leur propres champs d’éoliennes ou de panneaux solaires.
Des craintes de perdre le contrôle collectivement
Ça nous inquiète
, lâche Pierre-Guy Sylvestre, économiste au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec) et porte-parole du Syndicat des employés de métiers d'Hydro-Québec dans sa campagne contre la privatisation d'Hydro-Québec.
La société québécoise s’était dotée d’Hydro-Québec afin de s’assurer que s’il y a un monopole dans une industrie d’électricité, que ce soit public
, poursuit-il.
Pour M. Sylvestre, cette tendance pourrait même être néfaste pour l’économie de la région. La stratégie de l'entreprise privée va être de maximiser les profits, pas nécessairement de maximiser les retombées régionales
, croit-il.
Avec Hydro-Québec, on est certains de pouvoir mesurer ces impacts régionaux [...], de pouvoir avoir accès à beaucoup plus de documents étant donné qu’ils sont soumis à la loi sur l’accès à l'information, alors que du côté du privé, ça va rester une boîte noire
, estime-t-il.
Hydro-Québec emploie quelque 1000 personnes sur la Côte-Nord. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin
Pierre-Guy Sylvestre doute par ailleurs que le secteur privé soit plus efficace que la société d'État à produire de l'énergie.
Le privé se fait rassurant
Parmi les entreprises qui envisagent l'autoproduction, il y a l’entreprise TEAL Chimie et Énergie, de Magog, qui prévoit produire elle-même 400 mégawatts d'énergie pour sa future usine d'hydrogène vert, qui verrait le jour à Sept-Îles.
Jonathan Martel est président et fondateur de TEAL Chimie et Énergie. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Jonathan Martel
D’après son président-directeur général, Jonathan Martel, il s'agit d'un tournant inévitable, puisqu’Hydro-Québec ne parvient pas à fournir des blocs d'énergie à tous les projets industriels qui en font la demande.
La minute que c'est la décision qui est prise, c'est sûr qu'on va prendre un espace qui aurait pu être disponible autrement, mais en même temps, c'est pour le bien commun : la réalisation de projets industriels qui créent de l'emploi, qui créent de l'activité économique
, plaide M. Martel, en précisant que son entreprise souhaite rendre disponibles des combustibles verts.
L’autoproduction au menu des discussions
Selon le directeur général de Développement économique Sept-Îles (DÉSI), Paul Lavoie, de plus en plus d’entreprises qui présentent des projets dans la région ont une composante d’autoproduction d'énergie dans leur plan de développement.
Paul Lavoie est directeur général de Développement économique Sept-Îles. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
Est-ce que ça va aller plus loin après? On ne le sait pas. Mais présentement, forcément, devant cette pénurie-là qui est affichée au niveau des mégawatts disponibles, c’est dans les discussions
, soutient-il en entrevue à l'émission régionale Boréale 138.
Avec les informations de Renaud Chicoine-McKenzie