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Travailler moins, travailler mieux

Une entreprise de Québec adopte la semaine de quatre jours comme outil de rétention de personnel.

Deux hommes au travail devant un ordinateur.

Les employés de Korem travailleront quatre jours par semaine sans réduction de salaire.

Photo : Radio-Canada / Frederic Vigeant

EN MODE SOLUTIONS - L'année 2024 sera celle de la fin de la transition vers la semaine de quatre jours chez Korem, une entreprise de haute technologie de Québec qui développe et propose des solutions géospatiales à ses clients.

Il y a deux ans, Sébastien Vachon, le président de la compagnie, lance le défi à son équipe : diminuer le nombre d'heures travaillées pour tous les employés, sans réduction de salaire et sans perte de productivité. Mieux, au fil des rencontres, l’équipe a fixé à 15 % les gains d’efficacité à réaliser sur les heures effectuées. Korem fait le pari que c’est possible de travailler moins et de travailler mieux.

Pour y arriver, tous les employés sont mobilisés dans un processus d’optimisation du travail. Dans une entreprise, on estime qu'environ 10 % des heures sont gaspillées, explique Maryse Drapeau, vice-présidente finance et administration chez Korem.

On s'attaque à ce que Catherine Bourassa appelle les grugeurs de temps. Elle est partenaire d’affaires RH sénior chez Korem. Les réunions trop fréquentes ou trop longues sont réévaluées. Les rencontres récurrentes du vendredi ont été éliminées pour forcer un peu la gestion du changement, explique-t-elle. Les gestionnaires et les employés participent à des ateliers de formation sur les méthodes de travail efficaces.

Catherine Bourassa explique le concept d'interruption.

Catherine Bourassa explique le concept d'interruption.

Photo : Radio-Canada

En mode solutions

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Visuel promotionnel sur fond jaune.

Pas encore une tendance lourde

C'est un phénomène assez nouveau selon Vincent Laverdière, président et consultant chez Axxio, firme de ressources humaines. Peu de ses clients lui parlent de la semaine de quatre jours. Cette mesure va beaucoup plus loin que de permettre à un travailleurs de ralentir en diminuant le nombre d'heures travaillées. Quand on parle vraiment de la semaine de quatre jours, avec le salaire maintenu, [...] j'ai pas vu ça tant que ça.

Dans l’optique de recruter et de retenir son personnel, c’est un remède de cheval, croit-il. C’est 20 % de la force de productivité qu’on retire. S’il n’y a pas de gain de productivité ou de réduction des dépenses de l’entreprise, c’est une perte sèche en termes de revenus.

Par contre, si les gains sont au rendez-vous, les dirigeants de l'entreprise devront faire des choix.

Est-ce qu'on utilise [les gains] pour améliorer nos résultats financiers? Pour investir davantage? Pour avoir plus de liquidités ou améliorer d'une autre façon les conditions de notre personnel?

Une citation de Vincent Laverdière, président et consultant chez Axxio, firme de ressources humaines

Une implantation progressive

En janvier, Korem franchira une nouvelle étape dans sa transition organisationnelle. Tous les vendredis pourront être pris en congé, alors que la mesure était appliquée un vendredi sur deux en 2023 et un vendredi par mois en 2022. La dernière journée de la semaine deviendra flexible. Ce pourrait être une journée de repos ou de travail personnel.

Un parent qui souhaiterait faire une semaine de 5 jours de 7 heures par jour suivi d’une semaine plus allégée pourrait choisir cette formule, explique Catherine Bourassa, la partenaire d’affaires RH sénior chez Korem.

Elle précise aussi que chaque employé pourra gérer à sa façon ses deux semaines de 68 heures de travail, pourvu qu’il respecte les plages fixes du lundi au jeudi où tout le monde doit être présent au bureau, ou en télétravail.

C’est le genre de flexibilité que cherchent et qu'apprécient les employés. Du temps en pleine semaine pour aller voir ses parents vieillissants, pour gérer les horaires chargés des enfants ou pour planifier les rendez-vous médicaux difficiles à placer quand il ne reste que la fin de semaine pour tout faire.

Maryse Drapeau donne des exemples des commentaires d’appréciation qu'elle reçoit des employés.
Vice-présidente finance et administration chez Korem

Maryse Drapeau donne des exemples des commentaires d’appréciation qu'elle reçoit des employés.

Photo : Radio-Canada

Productivité, recrutement et rétention

C’est une fois le projet complété que Korem saura vraiment si la réduction des heures travaillées et l’optimisation organisationnelle permettront aussi d’améliorer la productivité de 15 %. Catherine Bourassa est optimiste. On va vraiment voir si on a atteint notre cible dans le courant de l'année. Mais pour l'instant là, ça augure très bien.

Nous, on a fait le pari que, en travaillant moins, en travaillant mieux, il allait y avoir un plus grand repos, des gains au niveau de la créativité, de l'innovation. Puis ça allait aussi permettre aux gens-là d'avoir un peu plus de temps de qualité avec leur famille et pour leur développement personnel et professionnel.

Une citation de Catherine Bourassa, partenaire d'affaires RH senior chez Korem
Deux femmes.

Maryse Drapeau et Catherine Bourassa de Korem voient d'un bon oeil la mise en place de la semaine de quatre jours dans leur entreprise.

Photo : Radio-Canada / Frederic Vigeant

Déjà, les effets se font sentir sur les cycles de recrutement qui sont plus courts que par le passé, selon Maryse Drapeau, la vice-présidente finance et administration.

La mesure de quatre jours chez Korem a eu un impact direct sur l'attraction du talent. C’était un objectif dès les balbutiements du projet en septembre 2021. On évolue dans un domaine des technologies de l'information qui est ultra compétitif.

L’avantage concurrentiel que se donne Korem n’est pas négligeable. Quatre-vingt-neuf pour cent des entreprises canadiennes déclarent avoir de la difficulté à trouver des professionnels qualifiés selon une analyse (Nouvelle fenêtre) publiée par Robert Half, une firme spécialisée en recrutement. Soixante-quatre pour cent des recruteurs disent qu’en 2024, il faudra plus de temps qu’il y a un an pour pourvoir des postes ouverts.

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