Maire pour une cinquième fois, faute de relève
Jocelyn Bergeron a été élu maire faute de candidat, mais l'homme aurait bien aimé céder sa place.
Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero
À Saint-Jean de Cherbourg, petite communauté de 173 habitants située en Matanie, un ex-maire se voit obligé d’exercer un cinquième mandat, faute de relève.
Après avoir passé plus de 15 ans à ce poste, et en avoir assuré l'intérim après le départ de Francine Ouellet-Leclerc en janvier, Jocelyn Bergeron se retrouve de nouveau à la tête de la municipalité. Mais cette fois, c’est un peu malgré lui.
On avait une période d’élection la semaine passée, qui finissait vendredi, mais personne ne s’est présenté, ça fait que j’ai démissionné comme conseiller, et j’ai été élu par acclamation
, relate M. Bergeron.
Saint-Jean-Cherbourg était sans maire depuis l'hiver dernier.
Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero
L’homme de 74 ans, qui espère prendre sa retraite depuis quelques années déjà, devra rester à la tête de la municipalité jusqu’en 2025. Je ne peux pas dire que je suis tanné, mais je suis fatigué, c'est beaucoup d’ouvrage
, lâche-t-il.
Il faut dire que le conseil municipal de Saint-Jean de Cherbourg a connu des temps durs dans la dernière année, avec une vague de démissions de la mairesse, d’un conseiller et d’une directrice générale.
Des municipalités en mauvaise santé démocratique
Il s'agit d'une problématique à l’image de la situation de bien d’autres municipalités au Québec, où le manque de candidats se fait sentir dans les localités de 5000 habitants et moins, selon Anne Mevellec, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
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L’absence de candidat, c’est considéré comme un problème pour la démocratie
, affirme Mme Mevellec.
Anne Mévellec est professeur à l'Université d'Ottawa considère que le manque de relève est devenu un problème pour la démocratie municipale.
Photo : Radio-Canada
Ça semble dire que personne ne veut prendre en charge le destin de la communauté et des charges publiques et donc ça, c’est un problème pour la santé de notre démocratie. Comment ça se fait qu’on ne trouve pas des gens assez motivés pour le faire?
, s'interroge la chercheuse.
C’est que dans bien des cas, le jeu n’en vaut pas la chandelle et les citoyens se questionnent sur les pouvoirs réels des administrations municipales, selon elle.
Il y a un certain cynisme [...] les problématiques sont souvent très complexes sur le plan municipal, si vous parlez de revitalisation, de développement économique, ça ne se fait pas sur un petit plan sur trois ans.
Des conditions difficiles
Jacques Demers, président de la FQM, préfet de la MRC Memphrémagog et maire de Sainte-Catherine-de-Hatley est du même avis.
Selon lui, les salaires faméliques, qui oscillent entre 10 000$ et 30 000$ dans certains cas, n’aident pas.
Je pense qu’il faut corriger des choses parce qu’on devient moins attractifs [...] les gens ont moins d'intérêt que dans le passé à vouloir s’impliquer dans leur communauté, parce que oui, on est rémunérés pour ces postes-là, mais ce ne sont pas des gros salaires
, soutient M. Demers.
Le président de la Fédération québécoise des municipalités du Québec, Jacques Demers, estime que le salaire des élus, dans les petites municipalités, n'aident pas à attirer la relève.
Photo : Radio-Canada / Lysbertte Cerné
À ce problème, s'ajoute l’intimidation à laquelle font parfois face les élus, notamment sur les réseaux sociaux. ajoute M. Demers.
S’entraider pour mieux régner
C’est dur de trouver de la relève. Disons que moi j’étais pas trop en faveur des fusions, mais si ça continue comme ça, à un moment donné… toutes les municipalités ont des problèmes
, estime Jocelyn Bergeron.
Jocelyn Bergeron a été élu maire faute de candidat, mais l'homme aurait bien aimé céder sa place.
Photo : Radio-Canada / Emma Guerrero
Le maire de Saint-Jean-de-Cherbourg songe maintenant à partager les ressources, comme les services comptables ou l’entretien, avec des localités avoisinantes afin de répartir la charge de travail et d’améliorer le sort de sa municipalité.