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COVID-19 : ce qu’il faut savoir sur la vaccination des 0-4 ans

Un médecin appose un diachylon sur le bras d'un enfant. Les deux portent un masque chirurgical.

Au Québec, la vaccination contre la COVID-19 des enfants de 6 mois à 4 ans s'est amorcée le 25 juillet.

Photo : getty images/istockphoto / Maksym Belchenko

En près d’un mois, ce sont moins de 10 000 doses de vaccin contre la COVID-19 qui ont été administrées aux enfants de 0-4 ans au Québec. Des experts sont d’avis qu'il faut rassurer les parents indécis, pour le bien des tout-petits.

La campagne destinée aux 0-4 ans (les enfants âgés de 6 mois et plus) s’est amorcée à la fin juillet, et pourtant, on ne se bouscule pas au portillon.

Selon les données fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux, en date du 16 août, seules 9656 doses avaient été administrées et 18 009 rendez-vous avaient été réservés depuis le 25 juillet, sur environ 400 000 enfants de cette tranche d’âge.

Des experts ont répondu à nos questions afin d’éclairer les parents qui voudraient avoir davantage de pistes pour prendre une décision.

Pourquoi les tout-petits devraient-ils être vaccinés contre la COVID-19?

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.

D’emblée, la Dre Hélène Decaluwe, spécialiste en immunologie pédiatrique au CHU Sainte-Justine, dit entendre les craintes et inquiétudes de certains parents à propos des vaccins chez les très jeunes enfants.

Malgré cette habitude vaccinale généralement acquise au Québec, un sondage mené en mai dernier par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) démontrait que 40 à 44 % des parents d’enfants de 6 mois à 4 ans considéraient la vaccination contre la COVID-19 comme moins importante que la vaccination de routine.

Les raisons sont, entre autres : une perception que leurs enfants sont trop jeunes et que les risques liés au coronavirus sont faibles chez les tout-petits, puis une hésitation vaccinale liée à la sécurité réelle des vaccins.

Malgré l’inconnu et la nouveauté, le vaccin contre la COVID-19 doit être perçu, selon la Dre Decaluwe, au même titre que ceux offerts pour l'obtention d’un statut vaccinal complet.

Il faut se rappeler qu’on vaccine de façon régulière nos enfants dès le plus jeune âge pour les prémunir de différentes infections.

Une citation de Dre Hélène Decaluwe, spécialiste en immunologie pédiatrique au CHU Sainte-Justine

La dernière étude menée en 2019 par l’INSPQ sur la couverture vaccinale des enfants québécois (Nouvelle fenêtre) âgés de 1 an, 2 ans et 7 ans démontrait à cet effet que 85 % des bambins d’un an (jusqu’à 15 mois) avaient reçu tous les vaccins du programme régulier.

Dans le cas des enfants de 2 ans (24 mois), 81 % d’entre eux les avaient tous reçus, tandis que les enfants de 7 ans étaient complètement vaccinés à 70 %.

Les 6 mois-4 ans sont-ils plus à risque?

Concernant l’hésitation vaccinale dans le cas bien précis de la COVID-19, le professeur de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et néonatologiste, le Dr Arnaud Gagneur, soulignait en entrevue avec Radio-Canada en avril que le but n’est pas de convaincre à tout prix ceux qui participeront, mais plutôt de répondre à leurs questions et écouter sans jugement leurs préoccupations.

C’est en ce sens que le médecin-conseil à l’INSPQ, le Dr Nicholas Brousseau, souhaite réitérer que le vaccin contre le coronavirus – comme la majorité des vaccins, finalement – aide vraiment à préparer le système de défense [de l’enfant] pour avoir une infection moins grave.

C’est particulièrement efficace pour réduire de façon très importante son risque d'aller à l'hôpital ou d’avoir des problèmes sérieux [s’il contracte] la COVID-19, souligne-t-il.

Par ailleurs, tous les experts à qui nous avons parlé concèdent qu’au début de la pandémie, la perception concernant les effets secondaires moins intenses vécus par les enfants ayant contracté la COVID-19 a pu créer une certaine confusion.

Au début de la pandémie, les enfants n’allaient pas à l’école ou à la garderie. Ils étaient isolés, rappelle la Dre Decaluwe. Pour elle, c’est ce qui a donné l’impression que les enfants – les plus jeunes comme les plus vieux – étaient moins à risque.

La Dre Decaluwe tient toutefois à préciser qu’il faut tenir compte des données concernant spécifiquement les 6 mois à 4 ans : contrairement aux jeunes de 5 à 17 ans, les tout-petits sont de quatre à cinq fois plus à risque d’être hospitalisés s’ils contractent le virus.

Des chercheurs de l’hôpital pour enfants de Vanderbilt à Nashville, au Tennessee, ont publié dans la revue Pediatrics de l'Académie américaine de pédiatrie une récente étude concernant les jeunes âgés de 2 mois à 18 ans, menée pendant les deux premières années de la pandémie.

Sur les 15 137 enfants hospitalisés en raison du virus, 1060 d’entre eux (7 %) ont souffert de complications neurologiques à la suite de leur infection, et les 2 mois à 4 ans seraient davantage touchés.

Cependant, l’apparition du variant Omicron quelque temps avant la fin de l’étude ne permet pas de conclure de manière définitive si des complications neurologiques en découlent. D’autres études seront nécessaires.

La COVID-19 longue et le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (SIME) font également partie des complications que relève l’INSPQ chez les enfants en général.

Ce serait excessivement dommage qu'un enfant d'âge préscolaire n’ait pas accès à un vaccin qui peut le protéger de complications graves ou de mortalité, laisse entendre la Dre Decaluwe.

Une infection assure-t-elle une protection?

Comme pour les personnes des autres tranches d’âge, la vaccination contre la COVID-19 des tout-petits n’est pas obligatoire au Canada, même si elle demeure fortement recommandée par l’ensemble des autorités de santé publique du pays.

Il est d’ailleurs important, selon la Dre Decaluwe et le Dr Brousseau, de ne pas tenir pour acquis qu’une infection à la COVID-19 assure une protection immunitaire.

Pour les chercheurs, infection n’égale pas protection.

Concrètement, ce n'est pas parce que tu as fait une infection une fois que tu es nécessairement protégé et que tu as développé tout ce qu'il fallait comme arme immunologique pour te battre contre une infection [qui peut devenir] grave.

Une citation de Dre Hélène Decaluwe, spécialiste en immunologie pédiatrique au CHU Sainte-Justine

Par ailleurs, un enfant qui contracte la COVID-19 ne pourra recevoir sa dose de vaccin que 8 semaines après l’infection.

Jusqu’à maintenant, Moderna est la seule pharmaceutique à avoir reçu une autorisation de Santé Canada pour offrir son vaccin aux 0-4 ans. Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) recommande également le vaccin Spikevax (Moderna).

Les études cliniques de Moderna, qui testaient notamment l’efficacité des doses sur la maladie symptomatique, ont été menées pendant la période où le variant Omicron était dominant.

La Dre Decaluwe explique comment il faut interpréter les résultats liés à l'efficacité du vaccin : il ne faut pas conclure que le vaccin est à moitié efficace, mais plutôt que 50 % [des] enfants [de 6 à 23 mois] sont complètement protégés.

Elle rappelle également que le taux d'efficacité du vaccin est réduit en raison des variants, ce qui ne signifie pas que le vaccin est de piètre qualité.

Il faut insister sur l’efficacité contre les cas graves et hospitalisations qui, elle, est très élevée. L’important est de diminuer le risque de complications, pas d’infections.

Une citation de Dre Hélène Decaluwe, spécialiste en immunologie pédiatrique au CHU Sainte-Justine

Par ailleurs, les enfants de 6 mois à 4 ans reçoivent un quart de la dose régulière (25 µg). La dose dite pédiatrique vise à stimuler une grande réponse immunitaire, mais à minimiser les effets secondaires.

Comme pour les autres groupes d’âge, le vaccin requiert deux doses, et la santé publique recommande d’attendre huit semaines ou plus entre celles-ci, une façon de renforcer le système immunitaire.

En matière de sécurité du vaccin, le Dr Brousseau soutient qu’il n’y a pas eu de signal particulier qui a été noté au Québec, dans les autres pays non plus.

Les données publiques de l’INSPQ sont d’ailleurs claires concernant ce dernier point : les réactions postvaccin recensées sont pour la plupart des réactions locales et systémiques d’intensité légère à modérée, survenant d’un à deux jours après la vaccination, avec résolution dans les deux jours. On parle de réactions telles que :

  • de l’irritabilité ou des pleurs;
  • de la somnolence;
  • la perte d’appétit;
  • de la fièvre légère;
  • œdème au site d'injection;
  • un gonflement/une sensibilité axillaire.

Un cas d’érythème multiforme (rougeur) a été signalé à la santé publique. Aucun cas d’anaphylaxie, de péricardite ou de myocardite n’a été rapporté dans les essais cliniques, peut-on lire dans le guide sur la vaccination contre la COVID-19 chez les enfants de l’INSPQ.

Attendre les nouveaux vaccins?

Comme les vaccins disponibles ont été fabriqués à partir de la souche originelle du SRAS-CoV-2, les experts entrevoient que certaines personnes pourraient préférer attendre les nouveaux vaccins.

Ces vaccins bivalents, basés sur la souche originelle et celle du variant Omicron (BA.1), sont actuellement en développement autant du côté de Pfizer que de Moderna.

Pour l’instant, pour les enfants, la question ne se pose pas vraiment. Parce que si ce vaccin adapté à Omicron arrive, ça va être pour les adultes en premier, avertit le Dr Brousseau.

Ça peut prendre plusieurs mois avant qu’un vaccin adapté à Omicron ne soit disponible pour les enfants. Il est préférable d’aller de l’avant avec le vaccin [actuel].

Une citation de Dr Nicholas Brousseau, médecin-conseil à l’INSPQ et membre du CIQ

Notamment avec la rentrée scolaire ou le retour à la garderie, ajoute-t-il, on va sûrement avoir un bon nombre d’éclosions en septembre.

La Dre Decaluwe, qui travaille au quotidien avec les très jeunes enfants, espère que ces informations sauront interpeller les parents.

Pour elle, il est primordial de comprendre que la vaccination chez les tout-petits, malgré les inquiétudes qui sont toutes valides, estime-t-elle, ne doit pas être vue comme différente de celle des enfants d’âge scolaire.

Immunologiquement, biologiquement, que tu aies quatre ans et demi ou que tu aies sept ans et demi. C'est la même chose, assure-t-elle.

Les réponses immunitaires [du vaccin] sont aussi efficaces [chez les 6 mois-4 ans], voire même meilleures que celles des adolescents et des adultes.

Pour ces derniers, le gouvernement a lancé le 17 août une nouvelle campagne de vaccination en prévision de la rentrée scolaire et du retour au travail.

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