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Un programme alimentaire national pour le bien-être des enfants

Le Canada doit-il se doter comme l’ont fait plusieurs pays industrialisés d’une politique alimentaire en milieu scolaire? L’épicerie se penche sur la question.

Un enfant mange un repas à l'école.

Selon Statistique Canada, plus de 1,2 million d'enfants au pays ont vécu de l’insécurité alimentaire en 2017-2018.

Photo : Radio-Canada / L'épicerie

Alors que la pandémie est venue fragiliser les familles et augmenter l’insécurité alimentaire chez les enfants, un consensus international se dessine autour des programmes alimentaires scolaires et du fait qu’ils représentent un service essentiel pour la santé et le bien-être des jeunes.

L’UNICEF rappelle d’ailleurs l’importance de mettre sur pied des programmes alimentaires nationaux en milieu scolaire. Les repas scolaires financés par les fonds publics sont la norme à l’échelle internationale, et le Canada est actuellement le seul pays du G7 à ne pas avoir de programme national d’alimentation scolaire.

Dans son bilan de 2017 sur le bien-être des enfants, l’UNICEF classait le Canada au 25e rang sur 41 pays en matière de sécurité alimentaire pour les enfants. On n'a pas l'habitude au Canada d'être si mal classé, fait remarquer Thibaud Liné, directeur général de La cantine pour tous. En général, le Canada est bien classé dans les politiques sociales et économiques. C'est un retard qui est assez conséquent, ajoute celui dont l’organisme distribue des repas aux écoliers dans 26 écoles du Québec.

Un homme dans un corridor d'école.

Thibaud Liné, directeur général de La cantine pour tous

Photo : Radio-Canada / L'épicerie

Un retard qui peut avoir de lourdes répercussions sur les écoliers. Selon les données disponibles de Statistique Canada, plus de 1,2 million d'enfants au pays ont vécu de l’insécurité alimentaire en 2017-2018. Une situation qui touche aussi d’autres pays et qui ne s’est guère améliorée avec la crise sanitaire que l’on connaît.

En octobre 2020, 265 millions d’enfants dans le monde n’avaient toujours pas accès aux repas scolaires, selon un rapport de l’UNICEF (Nouvelle fenêtre).

Devant le phénomène de pandémie planétaire, une cinquantaine de pays de l’ONU ont récemment donné le coup d’envoi à la Coalition mondiale pour les repas scolaires, un organisme qui vise à étendre la portée des programmes de repas scolaires à l'échelle mondiale et à en améliorer la qualité.

Le Canada, lui, figure aux abonnés absents, ce qui surprend les acteurs de l’aide alimentaire scolaire d’ici. On est très étonné. On ne comprend pas vraiment pourquoi, lance Thibaud Liné, directeur général de La cantine pour tous. Quand je dis qu'il y a un momentum, ce n'est pas juste au niveau du Québec ou du Canada. On sent qu'il y a quelque chose à l'échelle internationale.

On est quand même le seul pays du G7 qui n'a pas de programme universel d'alimentation, s’indigne pour sa part Claudine Dessureault, responsable des achats et de l’inventaire du Club des petits déjeuners. Donc, il n'y a pas de filet de sécurité pour que tous les enfants puissent avoir accès à au moins un, voire plus qu’un repas sain, tous les jours, déplore à son tour Thibaud Liné, directeur général de La cantine pour tous.

Par écrit, le gouvernement fédéral canadien a répondu à L’épicerie qu’il étudiait la possibilité de se joindre à cette coalition et que l’expérience d’autres pays aiderait à l’élaboration d’une politique canadienne sur l'alimentation en milieu scolaire.

Contrairement au Canada, la France a pris les devants, l’automne dernier, en affirmant haut et fort son adhésion à la Coalition pour l’alimentation scolaire. Notre objectif est de fournir à tous nos enfants, d’ici 2030, les repas dont ils ont besoin pour bien apprendre et mieux grandir à l’école, a fait valoir le président de la République française, Emmanuel Macron.

Portrait d'Emmanuel Macron souriant.

Le président Emmanuel Macron lors d'une visite dans une cantine scolaire à Saint-Sozy

Photo : Getty Images / Ludovic Marin

En 2019, le gouvernement canadien s'est pourtant engagé à créer une politique alimentaire universelle en milieu scolaire. Un engagement réitéré l’automne dernier par Justin Trudeau, au lendemain de sa réélection. Une politique très attendue par les organismes à travers le pays.

Avec un programme d'alimentation universel, il y aurait une structure mieux organisée, avec plus de ressources, ce qui aiderait à obtenir une meilleure distribution alimentaire, insiste Lucie Laurin, nutritionniste, chargée de projets et formatrice à l’Association québécoise de la garde scolaire (AQGS).

Thibaud Liné souhaite lui aussi une politique d’alimentation scolaire accessible à tous, comme c’est le cas dans la plupart des pays industrialisés. Si, au Brésil et au Chili, c'est gratuit pour tout le monde, si ça existe en Italie et au Danemark, au Japon et en Corée, le Québec et le Canada sont capables de le faire aussi.

De l’aide, il y en a tout de même. De nombreux programmes existent déjà au Québec et au Canada. Il y a vraiment beaucoup d'actions qui sont faites pour tenter d'aider les familles qui sont en milieu défavorisé. Ça peut être un Club des petits déjeuners, un comptoir de salade, un repas [à] l'heure du dîner, des collations. Ça peut également être un programme d'activités culinaires, explique Lucie Laurin, qui chapeaute plusieurs programmes, dont Écollation.

Portrait de Lucie Laurin.

Lucie Laurin, nutritionniste, chargée de projets et formatrice à l’Association québécoise de la garde scolaire (AQGS)

Photo : Radio-Canada / L'épicerie

En 2021-2022, le gouvernement fédéral a versé 25 millions de dollars en fonds d’urgence au Club des petits déjeuners pour répondre aux demandes grandissantes. Dans le cadre de la dernière campagne, Justin Trudeau a promis un investissement d’un milliard de dollars sur cinq ans pour réaliser son programme national de repas nutritifs dans les écoles.

Au cours de la même période, le gouvernement du Québec a investi 45 millions de dollars en subventions, dont une aide de 11 millions mise en place en 2020-2021 qui vise les enfants défavorisés.

Comme l’indique Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation : On a fait un effort extrêmement important depuis notre arrivée au gouvernement. On a augmenté de plus de 75 % les fonds pour permettre de nourrir nos jeunes qui, autrement, auraient des difficultés à apprendre parce qu'ils auraient le ventre vide.

Une orange le matin, le midi et l’après-midi

Malgré les efforts et les montants investis, les gens du milieu estiment qu’il reste beaucoup à faire pour enrayer le problème d’insécurité alimentaire dans les écoles. Le problème, c'est que ce ne sont pas des programmes qui sont arrimés [les] uns [aux] autres. Il n'y a pas de concertation. Il y a certaines écoles qui peuvent avoir trois ou quatre programmes d'aide alimentaire, fait remarquer Lucie Laurin, de l'Association québécoise de la garde scolaire.

Ils peuvent peut-être avoir une orange le matin et une orange en dessert le midi, puis une orange en collation l'après-midi.

Une citation de Lucie Laurin, nutritionniste, chargée de projets et formatrice à l’Association québécoise de la garde scolaire (AQGS)

Les intervenants sur le terrain sont donc unanimes : une politique pour unifier les programmes est nécessaire. Ce qu'on souhaite à La cantine pour tous, c'est un programme universel d'alimentation scolaire. C'est ça qu'on veut, tranche Thibaud Liné, directeur général de La cantine pour tous.

Ce que vous appelez une politique uniforme, en réalité, ça veut dire que le gouvernement donnerait toutes les collations et tous les repas à tous les élèves. Je vous dirais qu'en ce moment, on n'est pas là. La priorité qu'on s'est donnée, c'est de donner des collations et des repas aux élèves qui en ont besoin.

Une citation de Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation
Jean-François Roberge en conférence de presse.

Jean-François Roberge, ministre de l'Éducation

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

En pourparlers avec le gouvernement fédéral, le ministre de l’Éducation précise qu’Ottawa pourrait devenir un partenaire important en injectant des sommes supplémentaires, et aider ainsi les écoles dans le virage vers la consommation locale et l'achat de produits les moins transformés possible.

Le gouvernement fédéral a confirmé à L’épicerie qu’il travaille à l’élaboration d’un programme d’alimentation scolaire national. S’il s’agit d’une priorité, l’échéancier de sa mise en place n’a toutefois pas été précisé.

Donc, tout ça se coordonne en ce moment, ce qui n'était pas le cas avant, fait remarquer Thibaud Liné, directeur général de La cantine pour tous. Il y a un momentum. On en est loin, mais on n'a jamais été aussi proche, conclut-il avec espoir.

Le reportage de Johane Despins, Julie Perreault et Isabelle Vallée est diffusé à L’épicerie le mercredi à 19 h 30 et le dimanche à 13 h 30 à ICI TÉLÉ. Le samedi à 17 h 30 et le dimanche à 16 h 30 à ICI RDI.

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